Fabien Soulier traduit l'anglais et l'espagnol vers le français

Sous-titrage : Riptide

Dernièrement, j’ai eu l’occasion de travailler pour mon client Elephant Films sur une nouvelle série des années 80 : Riptide ! Sur un épisode plus précisément, Le Pirate et la Princesse (saison 3, épisode 16). Un projet assez particulier, dans le sens où il n’était ni en version française ni en version originale sous-titrée. C’était donc ce qu’on pourrait appeler un « sous-titrage à l’oreille » (comprenez : un projet reposant avant tout sur la bonne compréhension orale du ou de la linguiste). Un nouveau défi que j’ai été fier de relever !

Note de l’auteur : si vous avez 45 minutes devant vous, je vous encourage à regarder l’épisode (disponible plus bas) pour une meilleure compréhension de cet article.

Riptide, de quoi ça parle ?

Pour vous résumer brièvement la série, Riptide raconte l’histoire de trois ex-vétérans du Vietnam : Cody Allen, Nick Ryder – deux détectives privés – et Murray « Boz » Bozinsky – un génie scientifique. Le trio est ainsi amené à résoudre diverses enquêtes. Dans l’épisode Le Pirate et la Princesse, ils voyagent jusqu’aux Caraïbes pour aider leurs amis Angelo et Giovanna Guirlini à retrouver un trésor enfoui dans l’océan. À leurs risques et périls…

Aborder le « sous-titrage à l’oreille »

Parler de « sous-titrage à l’oreille », c’est bien beau. Mais comment s’y prend-on ? Déjà, il faut se poser la question suivante : en est-on capable ? C’est pour ça que, personnellement, avant d’accepter un projet de ce type, je regarde toujours le début de la vidéo pour savoir si c’est dans mes cordes. En effet, ça donne une bonne idée du niveau de difficulté de la tâche à accomplir. Je cherche également tout ce qui pourrait m’aider dans mon processus de sous-titrage. Dans le cas de Riptide, j’ai vérifié si l’épisode était disponible en ligne avec une transcription automatique. Bingo, c’était le cas !

Attention : une transcription automatique est généralement partiellement correcte. Cela signifie qu’il faut l’utiliser avec parcimonie. Donc, qu’il faudra effectuer des recherches en parallèle (comme pour tout projet, cela dit). Par chance, elle était plutôt bonne, même si certains passages m’ont vraiment donné du fil à retordre. Heureusement, d’autres ressources m’ont été bien utiles.

La bible de série : un indispensable dans le sous-titrage

Dans 99 % des cas, la bible de série est le support par excellence pour toute sous-titreuse et tout sous-titreur qui se respectent. Et là, je vous entends me demander : « La bible de série, késako ? » Pour faire simple, il s’agit d’un document qui détaille les informations suivantes :

  • Le nom des personnages ;
  • Leur statut (principaux, secondaires ou tertiaires) ;
  • Leurs relations (se tutoient-ils ou se vouvoient-ils ?) ;
  • Les lieux principaux où se déroule la série ;
  • Les termes qui reviennent fréquemment dans les épisodes ;

Pour un projet long de sous-titrage, la bible est nécessaire, dans le sens où ça permet à la traductrice ou au traducteur de rendre le sous-titrage cohérent dans son ensemble. Me concernant, ça m’a beaucoup aidé pour L’Agence Tous Risques, L’Homme qui valait trois milliards et Super Jaimie. Pour Riptide, elle m’a été utile, car je n’avais pas regardé les épisodes précédents. Il me fallait donc un document pour noter toutes les informations citées précédemment. Cependant, le fait que certains personnages étaient déjà apparus la série m’a beaucoup aidé à définir leurs relations avec les autres. De même que ça m’a bien servi pour des passages difficiles à traduire.

Quand l’italien vient se mêler à l’anglais

Outre la restitution fidèle de l’anglais dans les sous-titres français, une autre difficulté s’est posée à moi : les dialogues en italien. Fallait-il tous les traduire ? Ou en traduire une partie seulement ? Pour y répondre, il a fallu me placer de deux points de vue :

  • Celui des héros : comprennent-ils vraiment l’italien ?
  • Celui du public : ressent-il le besoin que ces passages-là soient traduits ?

En effectuant le repérage de l’épisode – le placement des sous-titres par rapport à l’image et au son –, j’en suis venu à la conclusion suivante : vu que les personnages de Cody et de Boz ne parlent ni ne comprennent un traître mot de l’italien, je n’ai pas traduit les dialogues en italien. Mon objectif était ainsi que le public ait le même ressenti vis-à-vis de cette langue, en regardant cet épisode. En revanche, lorsque l’italien « se mélangeait » à l’anglais – par exemple, à 7’18, quand Angelo et Giovanna parlent en anglais de leur sous-marin surnommé Il Cavalluccio Marino (« L’Hippocampe »), j’ai conservé les termes tels quels dans les dialogues en anglais. J’avais donc tout intérêt à les garder pour la compréhension et la fluidité du sous-titrage de l’épisode.

Conclusion : l’importance des dialogues ET des images dans un sous-titrage

C’est le point important qu’il faut retenir de ce projet de sous-titrage. En effet, ce procédé de traduction doit tenir compte des dialogues, mais également des images. Ces dernières donnent ainsi beaucoup d’indices sur l’intrigue et, par conséquent, des indications à la traductrice ou au traducteur sur la meilleure manière d’aborder l’adaptation d’une œuvre audiovisuelle. Cela rendra d’ailleurs son travail d’autant plus pertinent aux yeux du client et ceux du public.

***

Et vous, quel est votre avis à ce sujet ? Pensez-vous que sous-titrer égale traduire tous les dialogues sans exception à l’écran ? Ou, au contraire, cela revient-il à ne conserver que l’essentiel ? Dites-moi donc ce que vous en pensez dans les commentaires pour que nous échangions à ce sujet.

Author

Fabien Soulier

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *