Sous-titrage : mode d’emploi
Si vous venez régulièrement ici, vous avez certainement lu mes articles sur mes projets de sous-titrage (L’Agence Tous Risques, notamment). Mais savez-vous vraiment ce qu’est le sous-titrage ? Vous vous posez d’ailleurs sans doute la question suivante : « Mais comment ça marche ? » Ça tombe bien : cet article est là pour tout vous expliquer de A à Z. Alors, sans plus attendre, rentrons dans le vif du sujet !
C’est quoi, le sous-titrage ?
Tout d’abord, rappelons ce qu’est la traduction. Pour faire simple, il s’agit de transposer fidèlement un message d’une langue à une autre. Il en est de même pour le sous-titrage… à quelques détails près !
En effet, le sous-titrage consiste en un texte qui s’affiche sur un écran, dont l’objectif est de traduire une vidéo en langue étrangère pour un public qui ne la comprend pas. On parlera alors de sous-titrage multilingue. Le but du sous-titrage peut être également de rendre accessible une vidéo en français pour le public sourd et malentendant. Dans ce cas, on parlera de sous-titrage SME. Dans le jargon professionnel, on sous-titre une vidéo ou on crée des sous-titres.
Dans cet article, je m’attarderai sur le sous-titrage multilingue. Si ça vous intéresse, je rédigerai un article sur le sous-titrage SME.
En résumé, les définitions de la traduction et du sous-titrage se rejoignent. Cependant, le sous-titrage est plus qu’une simple traduction : c’est une adaptation. Par adaptation, j’entends le fait de « synthétiser » l’information donnée à l’écran pour :
- Aller droit à l’essentiel de ce qui est à dit dans la vidéo ;
- La rendre compréhensible aux yeux des spectateurs.
Dans le même temps, le but reste la transmission fidèle du message de la vidéo au public ciblé.
Les normes de sous-titrage
Pour « synthétiser » l’information donnée à l’écran, il faut utiliser des normes propres au sous-titrage. En effet, ces normes sont indispensables pour la lisibilité et la fluidité des sous-titres :
- Lisibilité, dans le sens où, comme je le disais, les sous-titres doivent transmettre l’idée véhiculée par la vidéo en étant suffisamment courts pour être lus par le public ;
- Fluidité, car ils doivent résumer l’essentiel de l’information et paraître logique aux yeux du public, le tout devant s’enchaîner avec naturel et cohérence.
Je vais lister ici les principales normes de sous-titrage, y compris celles que j’utilise dans le cadre de projets pour mes clients. Néanmoins – j’insiste dessus –, j’adapte toujours certaines de ces normes en fonction de la vidéo à sous-titrer (le nombre de caractères, notamment). Avant de développer ce point, je vais définir chaque norme et vous expliquer en quoi elle consiste.
Nombre de lignes
Le nombre de lignes d’un sous-titre est de 1 ou de 2 maximum. Au-delà, c’est à proscrire !
Nombre de CPS
Il s’agit du nombre de caractères par seconde qu’une personne peut lire. Pour ma part, j’ai défini la moyenne des CPS à 18.
Nombre de CPL
C’est le nombre de caractères par ligne qu’une personne peut lire. J’ai défini la moyenne des CPL à 38.
Nombre de plans entre chaque sous-titre
Pour ma part, je laisse 4 plans (ou images) entre chaque sous-titre.
Changement de plan
Les normes doivent également tenir des changements de plan dans la vidéo. Mais qu’est-ce que j’entends par « changement de plan » ? Eh bien, il s’agit d’une coupe qui marque une rupture dans la continuité d’une vidéo. Par exemple, elle peut avoir lieu durant une scène (pour montrer un personnage qui parle) ou pour signaler au public qu’on passe à une autre scène.
Ce point m’amène à vous parler des normes suivantes :
Nombre d’images avant un changement de plan
Me concernant, je laisse 4 images avant un changement de plan.
Nombre d’images après un changement de plan
Je laisse également 4 images après un changement de plan.
Nombre d’images qui chevauchent un changement de plan
Si un changement plan intervient au début ou à la fin d’un sous-titre, je compte au moins 12 images dans tous les cas. Autrement dit, je fais en sorte qu’un sous-titre débute au minimum 12 images avant ou après le changement de plan.
Durée minimale d’un sous-titre
En moyenne, un sous-titre dure une seconde au minimum.
Durée maximale d’un sous-titre
En général, un sous-titre dure six secondes au maximum.
Italiques
Les sous-titres sont écrits en italiques dans les cas suivants :
- Les voix off (pour une personne qui parle hors écran) ;
- Les mots et phrases en langue étrangère ;
- Les voix filtrées par la radio, le téléphone et la télévision ;
- Les titres d’œuvres ;
- Les paroles de chansons.
Titres
Les titres (d’un film, d’une série, d’un épisode) s’écrivent toujours en majuscules.
Cartons
Un carton (ou partiel) est une inscription à l’écran qui communique des informations additionnelles. Par exemple, dans une série, un carton peut être une date ou un lieu. Dans une interview, le partiel peut indiquer le métier qu’exerce la personne interrogée à l’écran.
Guillemets
En sous-titrage, on emploie toujours les guillemets droits ( » « ) au lieu des guillemets français (« »).
Tirets
On les utilise uniquement dans les dialogues. De plus, on rajoute toujours un espace après chaque tiret.
Positionnement
En règle générale, le sous-titre est positionné au centre en bas de l’écran. Dans le cas où un carton apparaît à l’écran, il faut positionner le sous-titre à gauche, à droite ou en haut au centre.
Unités de sens
Les unités de sens (ou unités sémantiques) peuvent être, par exemple :
- Un article ou déterminant suivi d’un nom commun (qui peut lui-même être précédé ou suivi d’un adjectif) ;
- Un sujet suivi d’un verbe (lui-même suivi d’un participe passé, le cas échéant).
En règle générale, on ne sépare jamais les unités de sens lors d’un saut à la ligne.
On n’écrira donc pas :
La petite fille va manger une glace à la
vanille et au chocolat au lait.
Mais plutôt :
La petite fille va manger une glace
à la vanille et au chocolat au lait.
Conclusion : des normes qui ne sont pas figées
Si j’ai appris à l’université qu’il ne fallait jamais dépasser X CPS ou X CPL, je me suis rendu compte, en exerçant mon métier, que c’était tout simplement impossible. En effet, comme je le disais plus haut, certaines normes varient en fonction de la vidéo à sous-titrer. Mais aussi en fonction du client (les chaînes de télévision, par exemple).
En outre, je vous ai indiqué ici les normes de sous-titrage pour des vidéos qui s’adressent à des adultes. Dans le cas d’une vidéo pour enfants, le nombre de CPS et de CPL est moins élevé. En effet, les enfants lisent moins vite que les adultes. Il faut donc également tenir compte du public visé par la vidéo.
Les formats de sous-titres
Le sous-titrage requiert une multitude de formats, selon le projet. Je vous présenterai ici les formats plus courants, que j’utilise le plus dans mon travail.
Format SRT
C’est le plus populaire et le plus demandé par les clients. Il est adapté à la plupart des formats vidéo.
Format WebVTT
Il est surtout utilisé pour les vidéos Internet (sur YouTube, notamment). Cependant, le format SRT marche très bien dans ce cas-ci.
Format EBU STL
Ce format est utilisé pour les diffusions au cinéma, sur DVD et à la télévision. Il permet notamment de placer les sous-titres à gauche, à droite ou au centre, de les coloriser (dans le cas d’un sous-titrage SME) et de modifier leur taille.
Format ASS
Comme le format EBU STL, le format ASS permet de centrer ou de justifier à droite ou à gauche les sous-titres. On peut également les coloriser et modifier leur taille.
Les logiciels de sous-titrage
Il existe de nombreux logiciels de sous-titrage. Certains sont gratuits, tandis que d’autres sont payants. Dans cette partie, je vais surtout vous présenter ceux que je connais et/ou que j’utilise. Personnellement, je me sers surtout de Subtitle Editor, mais il m’arrive aussi d’utiliser WinCaps Q4 et Aegisub. Si vous voulez en savoir plus sur ces derniers, cliquez sur les liens.
Les logiciels gratuits
- Subtitle Edit
- Aegisub
- Subtitle Editor (uniquement disponible sur Linux)
Ces logiciels sont amplement suffisants pour sous-titrer des vidéos institutionnelles. En effet, les sous-titres sont généralement convertis au format SRT ou WebVTT. Ils le sont parfois au format ASS, dans le cas où le sous-titrage est incrusté dans la vidéo – j’y reviens plus bas.
Les logiciels payants
Ces logiciels prennent en charge le format EBU STL dont je vous parlais précédemment. On les utilisera donc surtout pour des vidéos destinées au cinéma, à la télévision et au DVD.
Du sous-titrage pour quel type de vidéo ?
C’est simple : tous les types de vidéo ! On recense notamment :
- Les vidéos institutionnelles : interviews, webinaires, présentations de produits, vidéos e-learning, publicités…
- Les fictions : séries, films, courts-métrages…
- Les autres : bonus DVD, documentaires, clips musicaux…
Bien entendu, le cas échéant il faut se demander pourquoi faire sous-titrer sa vidéo et si c’est pertinent pour son audience. De plus, on doit tenir compte de la paire de langues : la langue originale de la vidéo et celle du public qu’on cible. Je vous détaille tout cela dans la partie suivante.
Quel tarif et quel délai pour le sous-titrage ?
Le tarif et le délai d’un sous-titrage reposent sur trois facteurs :
- La longueur de la vidéo (dure-t-elle dix minutes ou bien 1 h 30 ?) ;
- Sa difficulté (la thématique est-elle générale ou spécifique – scientifique, par exemple ?) ;
- La paire de langues (par exemple, un sous-titrage du français vers le russe coûtera plus cher qu’un sous-titrage de l’anglais vers le français).
À partir de là, on pourra établir un tarif et un délai en raccord avec le projet.
De plus, en sous-titrage, on parle de tarif à la minute. Néanmoins, pour de la révision ou simulation – corriger des sous-titres déjà existants –, le tarif sera calculé à l’heure. En effet, selon la qualité du sous-titrage de base, cela prendra plus ou moins de temps.
Si vous voulez connaître mes tarifs, rendez-vous ici.
Quant au délai, il doit être estimé en fonction de la durée de la vidéo. Il faudra ainsi une bonne semaine pour sous-titrer 1 h de vidéo, et ainsi de suite.
C’est d’ailleurs pour cela que dans mes devis, je détaille toujours toutes les étapes du projet pour justifier le prix global de la prestation, y compris en termes d’heures de travail. De ce fait, le client et moi savons dans quoi nous nous engageons. Je vous parle de ces étapes dans la dernière partie de cet article.
Comment se déroule un sous-titrage ?
Ou plutôt : quelles sont les étapes à suivre pour réaliser un bon sous-titrage ? Car oui, comme toute prestation linguistique, le sous-titrage demande beaucoup de temps et de minutie. Pour ma part, voici comment je procède :
Demande d’informations au client
Lorsque je reçois une demande de la part d’un client, j’essaie d’en savoir le plus possible sur le projet :
- Quelle vidéo faut-il sous-titrer ?
- À quel public est destinée la vidéo ?
- La vidéo requiert-elle des connaissances dans un domaine spécifique ?
- Pour quand faut-il livrer le sous-titrage ?
- Y a-t-il un script ou un fichier de sous-titres dans la langue d’origine ?
- Le client veut-il un simple fichier ou des sous-titres incrustés dans une vidéo ?
Remarque : S’il n’est pas possible d’avoir un aperçu de la vidéo avant de démarrer le projet, je préfère le refuser. En effet, sans avoir regardé la vidéo au préalable, il m’est impossible de bien répondre aux attentes du client.
Regarder la vidéo à sous-titrer
Comme je le disais précédemment, le visionnage de la vidéo m’est indispensable pour savoir si, oui ou non, je peux traiter ce projet de sous-titrage. Néanmoins, s’il s’agit d’une vidéo de 2 h, je regarde au moins les cinq-dix premières minutes pour me rendre compte de la difficulté. À partir de là, je propose un devis au client qui détaille le tarif de la prestation. Ensuite, si le prix lui convient, je m’attelle à la tâche.
Repérage ou calage des sous-titres
Je passe alors à la première « vraie » étape du projet, à savoir le repérage ou le calage des sous-titres. Mais qu’est-ce que j’entends, par-là ?
- Repérage : cela consiste à placer les sous-titres sur la vidéo, en définissant leur début (timecode IN) et leur fin (timecode OUT). On se base ainsi sur le moment de la vidéo où ils doivent apparaître – quand la personne commence et finit de parler – et leur durée. Dans le jargon professionnel, on repère des sous-titres.
- Calage : on prend le fichier de sous-titres existants et on place les sous-titres originaux en fonction du son de la vidéo. On se base d’ailleurs toujours sur le moment où la personne commence et s’arrête de parler. Autrement dit, on cale des sous-titres.
Premier jet de traduction
Une fois le repérage ou calage des sous-titres terminé, je réalise mon premier jet de traduction. En gros, j’adapte la vidéo en fonction des normes de sous-titres que j’ai évoquées précédemment dans cet article. J’effectue également la recherche des termes techniques, s’il y en a.
Remarque : « Premier jet » signifie que le sous-titrage n’est pas définitif et qu’il y a une étape de révision derrière.
Révision ou simulation des sous-titres
Quand on révise ou simule des sous-titres, on vérifie si le sens de la langue originale a bien été respecté dans la langue vers laquelle on traduit. De plus, cela permet de vérifier si les normes de sous-titrage ont bien été appliquées.
Relecture papier des sous-titres
Après avoir vérifié le sens, on vérifie la langue française (c’est-à-dire la grammaire, l’orthographe et la ponctuation). C’est pour cela que, personnellement, j’imprime toujours les sous-titres français sur papier. En effet, la relecture papier me permet de prendre plus de recul par rapport à mon travail. Elle me permet également de voir si les sous-titres sont bien fluides et lisibles. En résumé, cette étape est indispensable !
Correction des sous-titres sur Antidote
Avant de rendre mon travail au client, je passe les sous-titres sur le logiciel de correction Antidote. Comme ça, s’il y a une erreur que je n’avais pas repérée avant, je la corrige de suite.
Remarque : Cliquez ici pour lire mon article sur le logiciel Antidote.
Rendu des sous-titres au client
Enfin arrive la dernière étape du projet : le rendu des sous-titres au client ! Généralement, cela se fait par mail (ou pas un autre biais, à la demande du client). J’en profite ainsi pour lui expliquer comment j’ai travaillé et que, si besoin, il peut me contacter. En effet, il arrive de devoir faire des modifications de dernière minute. Il est donc important de garder le contact avec le client jusqu’à la publication finale de la vidéo.
Remarque : Le client peut demander que les sous-titres soient directement incrustés dans la vidéo. Néanmoins, ce n’est pas ce que je lui recommande. Le client et moi perdons effectivement du temps et de l’argent. C’est pour cela que je préconise toujours la livraison d’un fichier de sous-titres, car il est plus simple et plus rapide à modifier.
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Et voilà ! Maintenant, vous savez exactement ce qu’est le sous-titrage et comment cela fonctionne. Si vous avez des questions auxquelles je n’aurais pas répondu dans cet article, n’hésitez pas à me les poser en commentaire. Je vous répondrai dans les meilleurs délais.
Sur ce, je vous dis à bientôt pour un nouvel article !